En Irlande

Du 19 Mai au 20 Juin 2013

6104 km, dont 3660 en Irlande + les traversées en ferry Roscoff-Roslare et Roslare-Cherbourg

En 24 jours sur place, nous avons eu le temps de faire le tour de l'île sous des cieux très cléments (14 jours de beau temps, 4 jours en partie pluvieux et le reste plus variable), ce qui semble très inhabituel pour ce pays, de l'avis même de ses habitants !

 

Nous avons découvert un pays magnifique et attachant, à l'histoire souvent douloureuse, avec un art de vivre sympathique, qui nous a beaucoup plu.

 

Nous avons été du point le plus méridional, Mizen Head avec le phare mythique du Fastnet Rock au large, au point le plus septentrional, Malin Head au bout de la péninsule d'Inishowen, en passant par le point le plus occidental dans la péninsule de Dingle, le village de Dunquin le plus à l'ouest de l'Europe, avec l'île Blasket au large ! Et partout nous avons été émerveillés par des paysages à couper le souffle...

De l'Irlande nous avons vu ce que tout le monde connaît...

Des moutons partout, sur les routes, dans les cimetières, des blancs, des noirs, des jeunes, des vieux...

Et nous avons goûté aux "produits dérivés" : de la viande d'agneau délicieuse (avec le fameux Irish stew notamment) et bien sûr les innombrables lainages présents partout dans les boutiques.

 

A Foxford dans le comté de Mayo,au bord de la rivière Moy, une des plus poissonneuses d'Irlande, nous avons visité la filature fondée à la fin du XIXème siècle, par une religieuse, mère Agnès Morrogh Bernard, pour remédier à la misère qu'elle constatait autour d'elle en fournissant du travail à la population. Cette usine de tweed fonctionne encore aujourd'hui et offre une très belle boutique où nous n'avons pas manqué de faire des achats...

Très typique aussi, les tourbières (the bog) !

 

Même si leur superficie ne cesse de diminuer, au point qu'on prévoit leur disparition d'ici 2050, elles couvrent des km2 du territoire irlandais, lui donnant un aspect désertique.

 

Le Parc National du Connemara leur consacre une grande partie de son exposition, et nous avons parcouru la Bog Road qui permet de les découvrir. Nous avons appris leur origine : lorsque dans ce milieu les plantes meurent, elles ne se décomposent que partiellement à cause des précipitations abondantes (1600 mm par an sur 250 jours, et nous avons eu beau temps !); leurs restes compactés s'accumulent sans air et forment la tourbe, une couche qui peut atteindre 5 mètres. Tout ce processus se passa essentiellement entre 6000 et 3000 avant Jésus-Christ ! On peut retrouver dans les tourbières des souches de pins conservées de 4000 av.J.Ch. : autrefois, comme ces régions étaient dépourvues de bois, on se servait du bois conservé ainsi pour les constructions.

 

Espèce de désert humide où presque rien ne pousse, il est assez insalubre. Le quartier catholique de Derry s'appelle "the bogside", ce qui montre bien qu'on ne leur avait pas laissé la meilleure part...

Leur exploitation, devenue parfois industrielle, modèle le paysage de certaines régions.

Dans le paysage, il est difficile de ne pas remarquer les champs entourés de murs de pierres sur des kilomètres, surtout dans le Connemara et le Donegal !

 

 

Il faut savoir qu'au moment de la grande famine qui fit diminuer la population de 1,5 millions d'habitants entre 1845 et 1850, suite au mildiou qui attaqua la pomme de terre, les Anglais qui continuaient à exporter d'Irlande à destination d'Angleterre  des bateaux pleins de vivres, dans leur grande mansuétude, firent travailler jusqu'à 700 000 personnes à bâtir des murs de pierres pour 5 pence par jour...

Et bien sûr tout le monde connaît la réputation des pubs irlandais...

Nous en avons surtout apprécié deux : le pub MacDermott's de Doolin où nous avons écouté de la musique traditionnelle avec fiddle (violon), uillean pipe (un genre de cornemuse), guitare et chant en compagnie d'un Américain du Wisconsin, et le pub The Temple Bar de Dublin où nous avons passé un vendredi soir inoubliable tant l'ambiance y est extraordinaire ! 

 

Les photos sont difficiles à faire à cause de la foule et du manque de lumière, mais elles donnent une idée de la fréquentation de ces pubs où se cotoient classes d'âge et catégories sociales diverses, dans une ambiance très bon enfant, et de leur décor très typique !

 

Le culte rendu au dieu Guiness présente des aspects très séduisants ! 

 

Nous en avons aussi fréquenté de jour ! Par exemple à Dublin, The Quays à Temple Bar ou The Oval du côté de O'Connell Street...

Et des croix celtiques...

Beaucoup de vieux cimetières très romantiques nous ont arrêtés sur notre route, et bien souvent, plus ou moins anciennes, plus ou moins sculptées, on y trouve des croix celtiques...

 

 

 

Kilfenora, dans le Burren, a le nom de "the city of the crosses". Son église Saint Fachtnan's Cathedral, du XIIème siècle, abrite la Doorty Cross du XIIIème, très travaillée, ainsi que plusieurs autres de moindre intérêt, et dans un champ non loin de là se dresse la West Cross.

 

 

 

Dans la péninsule d'Inishowen au Donegal, Carndonagh abrite la croix celtique la plus ancienne d'Irlande (VIIème siècle) : la Donagh Cross. Elle est entourée de deux stèles plus petites.

Mais l'Irlande a beaucoup d'autres aspects...

On la dit verte, mais elle est aussi multicolore...

D'abord, les rues des villes et villages sont égayées de façades de magasins et de maisons peintes de couleurs vives.

Chacun semble avoir le souci de rivaliser avec son voisin dans le choix de la peinture, souvent brillante ! Et il faut apprécier la recherche des détails qui font tout le charme de ces rues...

 

Quelques exemples de Dingle à Carndonagh, en passant par Kilkenny, Kinsale, Galway ou Killybegs, Eyeries, Cobh !

 

Ces couleurs donnent un air très gai aux villes et villages, qui par ailleurs nous ont paru extrêmement animés, mais il est vrai qu'ils se ressemblent un peu tous du Nord au Sud et d'Ouest en Est.

 

Peut-être les Irlandais s'inspirent-ils des nombreux arcs-en-ciel magnifiques que leur vaut leur temps changeant... Quoi qu'il en soit, nous avons été frappés par le fait que leurs façades et murs de clôture sont tous parfaitement entretenus, ce qui suppose qu'ils soient refaits régulièrement. D'ailleurs, en ce début de beaux jours, on en a vu beaucoup avec des pinceaux et des rouleaux...

Mais nous avons aussi découvert un pays très fleuri en cette fin de printemps.

Outre les jardins des particuliers, du moins dans le Sud sans doute plus fertile, très soignés et pleins de fleurs, on peut visiter en Irlande des parcs de toute beauté attenant à de belles demeures, et la nature elle-même est spontanément très généreuse en couleurs diverses.

 

La plante reine que l'on voit dans tout le pays en abondance, sur le bord des routes et dans les champs, même les moins fertiles, c'est l'ajonc dont les taches jaunes illuminent la paysage. Il est concurrencé dans certaines régions par le blanc de l'aubépine, les fuschias qui bordent les routes presque partout n'étant pas encore en fleurs lors de notre passage.

 

 

 

La plante importée au XIXème siècle qui s'est propagée à grande vitesse et a colonisé tous les espaces disponibles, c'est le rhododendron : en pleine floraison en mai-juin, il prend la taille de véritables arbres parfois, et il est somptueux.

 

Par contre, il a tendance à être invasif et à nuire aux espèces endémiques, si bien que par exemple dans le parc de Killarney, ils essaient de le neutraliser, voire de l'éradiquer ! Peu importe, que c'est beau !

 

Le plus répandu est rose, mais il en existe d'autre couleurs et souvent dans les parcs il est mélangé avec des azalées, qui n'ont rien à voir avec nos azalées en pots !

Dans les zones humides (nombreuses !), on trouve des champs d'iris d'eau de couleur jaune, et dans les tourbières se développent les linaigrettes.

 

 

 

Sans oublier d'innombrables campanules et digitales de couleurs diverses, et les glycines jaunes, et les tapis de petites fleurs des champs (pâquerettes, marguerites entre autres)...

En bord de mer, sur les rochers , partout on voit les coussinets roses de l'armérie.

Un des endroits les plus étonnants à cet égard, est le Burren, au nord du Comté de Clare, dont le relief karstique prend l'apparence d'un désert de pierre, dans les anfractuosités duquel poussent toute sorte de fleurs, y compris méditerranéennes et alpines ! Cette région avait été décrite par le géomètre de Cromwell comme "un lieu sauvage n'ayant pas assez d'eau pour noyer un homme, pas un arbre pour le pendre, ni de terre pour l'enterrer", ce qui explique que les Anglais n'aient pas cherché à s'y installer !

Quelques demeures avec de beaux jardins fleuris.

Bantry House, dans le comté de Cork.

Demeure géorgienne du XVIIIème siècle, elle a été meublée et décorée de façon originale par le second comte de Bantry avec les oeuvres d'art et objets rapportés de ses voyages. Située au fond de la baie de Bantry, dans un décor magnifique, elle est entourée d'un jardin à l'italienne.

A Killarney, Muckross House.

Edifiée en 1843 dans le style victorien par Henry Herbert, député qui représenta le Kerry aux Communes, elle est entourée d'un magnifique parc au bord du lac de Killarney où nous avons fait une balade agréable au milieu des massifs de rhododendrons, azalées, camélias, sur des sentiers qui serpentent parmi les rocailles, dans l'arboretum. 

Ballynahinch Castle, à Recess dans le Connemara, dément la réputation d'aridité de cette région ...

Au bord d'une rivière poissonneuse et d'un lac, ce château du XVIIIème transformé en hôtel de luxe ouvre gratuitement son parc aux promeneurs pour de magnifiques balades. A la réception on vous fournit un guide des circuits avec la plus grande amabilité. Et faire une halte au pub au retour est un must bien agréable dans un cadre très british... On peut même venir se garer sur le parking de l'hôtel, ce que nous n'avons pas osé faire, à tort ! Une des bonnes surprises de notre voyage...

Glebe House and Gallery, dans le Donegal, au bord du lough Gartan.

 

 

Dans cet ancien presbytère Régence de 1828 situé près du village de Churchill dans le Glenveagh National Park, le dernier propriétaire, le peintre Derek Hill a légué sa collection d'art (tapisseries, peintures, céramiques, tissus...). La visite est intéressante, mais il est interdit de photographier bien sûr ! Beau jardin là aussi, bien que de dimensions plus modestes.

Le charme des cottages !

C'étaient à l'origine les habitations des ouvriers agricoles qui vivaient dans des maisons très modestes. Leurs toits de chaume si caractéristiques ont tendance à être remplacés par d'autres couvertures car il faut les refaire tous les dix ans ! Mais il en subsiste un peu partout en Irlande, souvent bien entretenus, et toujours charmants.

Sans conteste, le plus extraordinairement coloré, au bord du lough Gill dans la région de Sligo...

Et au début du XIXème siècle, la "folie" de lord Butler : le Swiss Cottage près de Cahir (qui nous a été recommandé par des Suisses...). Gentilhommière et résidence de pêche, il a été restauré et est en parfait état intérieur (avec notamment des papiers peints de toute beauté et une déco très cosy pleine de charme) et extérieur.

Des espaces naturels de toute beauté partout !

La nature est vraiment la richesse principale de l'Irlande !

 

Nous en avons pris plein les yeux tout au long de ce voyage, que ce soit sur les côtes de toutes les péninsules que nous avons parcourues par des routes côtières dont l'étroitesse est proportionnelle à la splendeur, ou au bord des lacs (qui ne sont pas l'apanage du Connemara !)...

Des falaises...

The cliffs of Moher, dans le Comté de Clare.

Sur 8 km de long, des falaises qui culminent à 214 m au-dessus de la mer, refuges de très nombreux oiseaux marins ! Un sentier permet de les parcourir et de les découvrir sous différents aspects.

Les falaises de Slieve League dans le Donegal

600 mètres à pic dans la mer, et le spectacle se mérite : la route est interdite aux camping-cars et nous avons donc dû monter à pied par grosse chaleur (ce jour-là le goudron fondait !). Mais nous ne l'avons pas regretté !

Curieusement, juste derrière les falaises, à une toute petite distance de la mer, des lacs qu'on dirait de montagne, où les mouettes viennent faire leur toilette à l'eau douce !

Notre falaise à nous seuls, au terme d'une aventure : Fair Head !

En Irlande du Nord, dans les Glens of Antrim, nous avons, sur les conseils du Routard (qui d'ailleurs précisait que le chemin était difficile à trouver), tenté l'aventure de monter jusqu'aux falaises de Fair Head. Au bout d'une route minuscule, nous avons garé le fourgon dans un hameau minuscule et nous nous sommes engagés sur un itinéraire hasardeux qui nous a fait escalader des clôtures et des murs, traverser des champs pleins de moutons, enfoncer jusqu'à la cheville dans des tourbières, grimper au milieu des bruyères... pour finalement déboucher au sommet d'une falaise de 200 mètres où nous étions absolument seuls ! Quel bonheur !

Et bien sûr la Chaussée des Géants !

Classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco, ce site est très bien mis en valeur : on lui a rendu sa sauvagerie en éliminant les voitures; on y accède à pied ou en navette.

 

Le refroidissement rapide de coulées basaltiques a formé ces 40 000 colonnes, surtout hexagonales, qui constituent des escaliers ou des gradins s'avançant dans la mer de façon spectaculaire.

 

Une légende irlandaise attribue la création de la Chaussée au géant Finn McCool qui voulait passer en Ecosse à pied sec pour défier son rival !

Des péninsules du Sud au Nord...

La côte de Kinsale à Mizen Head où nous avons commencé à nous émerveiller des couleurs irlandaises !

Kinsale à une trentaine de kilomètres de Cork, est bien blotti au fond d'un estuaire, gardé par deux forts, Charles Fort et James Fort, qui ont été occupés par l'armée anglaise jusqu'en 1922, d'où leur état de conservation ! Nous avons passé la nuit près du premier, illuminé en rose la nuit.

Puis tout au long de la route, nous avons été séduits par des petits ports, des baies, des plages... avant de découvrir la beauté sauvage de Mizen Head.

The ring of Beara

Nous avons commencé le tour de la péninsule en passant le Healy Pass, col qui prend des allures de haute montagne alors que la mer n'est pas loin. Un lac aux airs canadiens, et au pied du col, une pompe à essence désaffectée pittoresque.

Ensuite la route côtière nous a conduits de Ardgroom à Eyeries, puis Allihies, et après un nouveau petit col, nous avons fini par arriver à Garnish Point face à Dursey Island où nous attendait une surprise : un vieux téléphérique en bois qui relie l'île au continent, le tout dans un décor très sauvage et sous un ciel changeant qui donnait par moments un air lugubre au paysage ! Puis nous sommes revenus dormir près de la plage d'Allihies sur laquelle le brouillard est tombé de façon étrange..

La péninsule de Dingle

Cette journée avait mal commencé : il tombait un crachin froid; à Inch, Henri a reculé dans une Jaguar toute neuve et nous avons dû faire un constat sous la pluie; nous nous sommes arrêtés pour visiter le Dunbeg Fort qui ne présentait aucun intérêt !

 

Heureusement nous avons trouvé un bel endroit pour déjeuner à Minard Castle, place-forte du XVème siècle où les Irlandais résistèrent jusqu'au dernier homme aux armées de Cromwell; puis à Slea Head, la visite du Great Blasket Island visitor's Centre de Dunquin, qui rend hommage aux derniers habitants de cette île rapatriés de force sur le continent en 1953, nous a intéressés, et un thé avec une part d'apple pie nous a remis en forme pour continuer jusqu'à Clogher Head. Et à Ballyferriter nous avons trouvé un endroit idéal pour passer la nuit entre moutons et mer : le Dun an Oir Fort (fort de l'Or), où se déroula en 1580 une bataille entre une petite armée d'Espagnols et d'Italiens venus soutenir la révolte des Irlandais et l'armée anglaise; cela se termina par un massacre perpétré par les Anglais que commémore un petit monument. 

 

 

Et le lendemain, en suivant la Slea Head Drive, nous avons fait un détour jusqu'à Brandon Creek, d'où Saint Brandon serait parti pour Terre-Neuve 5 siècles avant Christophe Colomb... Dans le petit port, il y avait des phoques dont nous avons pu voir la tête ! 


Après avoir flâné dans le village de Dingle, un peu désert en cette matinée de Bank Holiday, nous avons franchi le Connor Pass entre la côte sud et la côte nord de la péninsule,  et continué notre voyage vers le Nord.

Inishowen (tout au Nord du Donegal)

Pour arriver à Malin Head, nous avons suivi la route Inis Eoghain 100, qui permet de faire le tour de la péninsule en suivant la côte au plus près, par des routes toujours très étroites, mais avec des paysages toujours très époustouflants !

 

Ce jour-là, le vent soufflait très fort, comme souvent semble-t-il ! Et vu l'étroitesse de la route, il était souvent difficile de s'arrêter pour faire des photos...

 

Nous avons désespérément tenté d'apercevoir dauphins, requins ou baleines qui croisent dans ces parages, en vain !

Et quelques routes côtières en plus...

 

 

 

 

Dans le Connemara, la Sky Road au départ de Clifden, qui nous a menés jusqu'à Omey Island, petite île accessible à pied ou en voiture à marée basse.

 

L'Atlantic Drive sur Achill Island dans le Mayo est l'une de nos préférées, entre Cloghmore et Dooega.

Du sommet du Munaun, vue à 360° sur l'île.

Et la perle, la plage de Keem, tout au bout...

Le parcours commence par le romantisme d'un cimetière émouvant qui abrite les tombes de nombreuses victimes de la grande famine et des ruines d'une tour ayant appartenu au château de Grace O'Malley, héroïne de la résistance aux Anglais.

 

Et ensuite place aux paysages grandioses...

Le Donegal, avec la Coast Road entre Killybegs et Carrick, après un détour par St John's Point, pour finir avec la plage de Rossbeg, offre une variété infinie de couleurs et de paysages, alternant plage de sable blanc et côtes rocheuses très découpées...

 

En Irlande du Nord aussi, nous avons trouvé des paysages variés qui nous ont émerveillés : à commencer par la côte entre Portrush et Ballycastle avec les ruines du château de Dunluce posées au bord de la falaise, White Park Bay, près de la Chaussée des Géants, le petit port très méditerranéen de Ballintoy, avant Carrick a Rede, et pour finir en parcourant l'Antrim Coast Road, d'une étroitesse semblable aux autres ! En quelques heures et quelques kilomètres, nous sommes passés par toute une gamme de reliefs et de couleurs divers... 

Et des lacs...

A Killarney, les lacs ont mérité le classement en parc national.

Comment pourrait-on ne pas présenter les lacs du Connemara immortalisés par Michel Sardou...et qui le valent bien !

 

 

 

Près d'Oughterard, nous avons déjeuné au bord du Lough Corrib, un des plus grands, dans un décor magnifique !

Dans le comté de Sligo, le Lough Gill.

Près de Sligo, nous avons fait le tour d'un lac cher au poète Yeats, originaire de cette région : le lough Gill. So romantic avec ses berges ombragées et son château de style écossais, Parke's Castle !

Sans oublier les lacs de Glendalough, promenade très prisée des Dublinois le dimanche !

Et en beaucoup d'autres lieux, nous avons découvert de petits lacs, souvent tout près de la mer, qui prennent souvent l'apparence de lacs de haute montagne à cause de leur environnement très minéral. Tous contribuent à donner à l'Irlande sa lumière et ses couleurs...

Un peu d'histoire...

Si la nature est une merveille omniprésente en Irlande, c'est aussi un pays qui conserve des traces passionnantes du passé, toujours très bien mises en valeur. Les Irlandais sont fiers de leur patrimoine et font ce qu'il faut pour le faire aimer des touristes, ce qui rend sympathique leurs efforts.

 

Mais il faut bien reconnaître qu'on comprend mieux en allant sur place pourquoi ils n'aiment pas beaucoup les Anglais : pendant trois siècles entre le XVIIème et le XIXème, ils ont été brimés, affamés et spoliés de leurs biens ! Les armées de Cromwell ont commencé le travail au début du XVIIème, en détruisant presque tout le patrimoine catholique, et malgré de nombreuses tentatives de révolte, l'oppression s'est maintenue jusqu'au XXème. Seuls quelques monuments ont échappé à la destruction : les forts qui ont été utilisés par les armées anglaises et les manoirs construits par des lords richissimes.

 

Rien à voir donc avec la richesse du patrimoine artistique français ou italien par exemple ! Mais beaucoup d'Heritage Centres qui font revivre l'histoire du pays.

Tout commence à la préhistoire...

Les premiers hommes apparaissent en Irlande vers 7500 avant Jésus-Christ et, notamment à l'époque du néolithique, ils vont laisser des traces impressionnantes de leur passage !

 

Nous nous sommes mis dans le bain dès notre premier jour en Irlande en allant parcourir près de Wexford le National Heritage Park, qui dans un parc de 12 hectares présente de façon très vivante des reconstitutions des habitats, sépultures et lieux de culte entre le mésolithique et les invasions vikings. Nous avons ensuite retrouvé la plupart de ces constructions typiques sur différents sites que nous avons visités.

Les habitats

 

 

 

Reconstitution des huttes du néolithique et du mésolithique au National Heritage Park de Wexford, ancêtres des cottages actuels !

Mais bien sûr, ce qui est resté de ces époques reculées, ce sont surtout des forts en pierres, dont les murs font plusieurs mètres d'épaisseur ! Ils ont été occupés assez longtemps par la suite, jusqu'au Moyen-Age, ce qui a permis de les conserver.

 

Le plus impressionnant que nous ayons visité (sous une pluie battante) se trouve au Donegal : Grianan Ailigh ! Ses murs de 4,5 mètres d'épaisseur furent érigés à l'emplacement d'un tumulus du néolithique, peut-être vers l'an 1000 avant J.Ch. Il a servi de résidence aux O'Neill, rois d'Ulster, qui ne devaient pas être difficiles pour le confort... Situé sur un promontoire, il offre une vue imprenable sur la région dont nous n'avons pas pu profiter, vu les conditions climatiques !

Nous en avons aussi visité à d'autres endroits :

 

- dans la péninsule de Dingle, celui de Dunbeg, datant de 500 avant J.Ch mais occupé jusqu'au XIème siècle, un peu décevant d'ailleurs hormis sa situation au bord de la mer.

 

- à Bonane, près de Glengariff dans le Beara, peu spectaculaire, alors qu'il est en fait très grand, parce que recouvert d'herbe.

 

Que de cailloux !

Un type d'habitat défensif plus original, typiquement irlandais : le crannog. Il s'agit d'une île artificielle fortifiée au milieu d'un lac. La plupart ont été utilisés pendant longtemps et quelques-uns ont subsisté, comme celui que nous avons découvert en montant à Fair Head, parfaitement conservé. Nous connaissions le crannog depuis Wexford et Bonane.

 

Autre dispositif dont nous avons admiré l'ingéniosité, le fulacht fiadh (puits de cuisson), qui permettait de faire cuire la viande : le principe consiste à entretenir des foyers importants dans lesquels on place des pierres pour les chauffer, puis on les fait rouler dans une fosse remplie d'eau qui est portée à ébulition dans un délai de 20 mn, après quoi on peut faire cuire de la viande puisque l'eau reste chaude pendant trois heures. Plus difficile que de tourner le bouton du four, mais astucieux et efficace paraît-il (les archéologues ont testé !).

 

A Wexford, puis à Drombeg près de Glandore, nous avons pu en découvrir l'existence.

 

 

Les sépultures

C'est ce qui reste de plus spectaculaire !

 

Nous avons visité plusieurs sites, présentant dolmens, cercles de pierres (cromlechs), tumulus et tombes à couloir, qui dénotent chez ces anciens Irlandais une grande connaissance des phénomènes célestes et une endurance à toute épreuve pour charrier des pierres, parfois énormes sur des kilomètres... C'est d'ailleurs l'ancienneté de ces monuments qui en fait la valeur plus que des critères esthétiques !

 

Outre Bonane, nous avons surtout été impressionnés par le site mégalithique de Carrowmore, près de Sligo, et bien sûr par les sites de la vallée de la Boyne, au nord de Dublin, Knowth et Newgrange !

 

 

 

 

Le site de Carrowmore présente la plus grande concentration de tombes mégalithiques d'Europe (une soixantaine), parmi les plus anciennes puisque certaines datent de 4500 avant J.Ch.

 

Le tumulus de la tombe à couloir central est entouré de nombreux cercles de pierres et de dolmens disposés de façon précise autour de lui, et, semble-t-il, par rapport au tombeau de la reine Meath situé au sommet d'une colline à proximité.

Les cercles de pierres ont en général un point commun : deux pierres verticales marquent l'entrée, à laquelle fait face une pierre horizontale, qui faisait peut-être office d'autel, et au milieu se trouvait une tombe, d'un personnage important sans doute. Par contre le nombre de pierres dressées est variable.

 

Tous ne sont pas clairement lisibles sur le terrain, mais nous en avons trouvé quelques-uns de bien conservés, et toujours dans des endroits agréables !

 

Par exemple celui de Drombeg.

 

L'ensemble archéologique de la vallée de la Boyne, où eut lieu par ailleurs un événement important de l'histoire irlandaise en 1690, la défaîte de la coalition de 25000 soldats irlandais catholiques et français menée par Jacques II face aux troupes de Guillaume d'Orange qui imposa définitivement la domination anglaise en Irlande, est très impressionnant.

 

Nous avons visité deux sites : Knowth et Newgrange.

 

 

 

 

A Knowth, un ensemble de tumulus entoure la plus grande tombe à galerie de la vallée, dont le soubassement est décoré par de nombreuses pierres gravées qui datent de 3000 ans avant J.Ch

Newgrange est encore plus impressionnant ! Un tumulus de 85 m de diamètre, datant de 5000 ans avant J.Ch, constitué de 240 000 tonnes de pierres, dont certaines viennent de 150 km plus au sud, bâti de telle façon qu'au solstice d'hiver, le soleil (quand il y en a !) à son lever éclaire la chambre funéraire située au bout d'un couloir de 19 mètres pendant quelques minutes ! Le dôme en pierres, construit en encorbellement, de la chambre funéraire est encore parfaitement étanche 8000 ans plus tard. 

 

L'entrée est marquée par une énorme pierre gravée.

Un peuple catholique, longtemps persécuté !

Après la christianisation de l'Irlande par Saint Patrick, entre 432 et 461, les moines irlandais construisirent de nombreux monastères et leur influence fut considérable dans toute l'Europe (Charlemagne fit venir des moines irlandais érudits pour enseigner dans ses écoles !). Les Irlandais réussirent à assimiler plus ou moins les Vikings et les Anglo-normands, que les riches abbayes attiraient, mais les armées de Cromwell au début du XVIIème siècle les ravagèrent littéralement, si bien qu'aujourd'hui, on visite beaucoup d'abbayes en ruines !

Souvent photographié, l'oratoire de Gallarus dans la péninsule de Dingle a été épargné par les envahisseurs successifs !

 

Long de 8 mètres, large et haut de 5 mètres, il présente deux ouvertures, la porte et une petite fenêtre sur le mur opposé. C'est une petite chapelle en pierres sèches en forme de bateau renversé. Les pierres sont plus fines à l'extérieur afin de permettre l'écoulement des eaux.

 

 

 

 

L'abbaye cistercienne de Jerpoint, dans le comté de Kilkenny, est un bel exemple de ces ruines que nous avons pu visiter.

 

Elle a été fondée en 1160 environ et abritait, en 1228, 36 moines et 50 frères convers. Les comtes d'Ormond, puis les Butler en conservèrent la propriété jusqu'au milieu du XVIIème siècle.

 

La tour date du XVème siècle.

 

Quelques beaux sarcophages du XVème et dalles gravées du XIIIème dans le transept, et dans le cloître, nobles chevaliers, gentes dames, moines et bêtes fabuleuses sont sculptées dans les piliers de la galerie, ce qui laisse penser que la règle cistercienne avait un peu perdu de sa rigueur à partir du XIIIème !

 

Une victime de Cromwell !

 

Belle abbaye aussi, franciscaine cette fois-ci, à Timoleague entre Kinsale et Clonakilty, du XIVème siècle, qui fut l'une des plus importantes d'Irlande ! Agréable situation au fond d'un bras de mer et cimetière romantique tout autour... 

 

On visite librement les restes de l'église et des bâtiments conventuels.

 

 

 Dans le Mayo, près de Westport, nous avons visité Ballintubber abbey : édifiée en 1216, c'est la seule église d'Irlande où le culte a été célébré sans interruption depuis sa fondation. Eglise romane, dont la porte gothique présente des chapiteaux aux graphismes gaeliques, avec un cloître attenant, en ruines...

 

Puis du côté de Newport, nous avons fait une pause déjeuner agréable près des ruines de l'abbaye de Burrishoole (XVème siècle).

 

La cité monastique de Glendalough au sud de Dublin est pleine de charme ! 

 

Au VIème siècle, saint Kevin, un pieux ermite qui s'était retiré près du lac Supérieur, attira là de nombreux pélerins. Devenu abbé du monastère de Glendalough, il mourut en 618, mais pendant 6 siècles, la cité connut un rayonnement extraordinaire, jusqu'au XIVème où elle fut abandonnée.

 

Elle est dominée par sa tour ronde, caractéristique de l'architecture irlandaise, qui servait de clocher, de repère pour les pélerins, de tour de guet, de refuge et de lieu de stockage en cas d'attaque, grâce à sa porte à 3 mètres de hauteur accessible par une échelle qu'on pouvait retirer. On en trouve dans beaucoup de sites irlandais. Celle de Glandalough, en granit, fait 30 mètres de haut.

La cathédrale du XIIème, la plus vaste d'Irlande à l'époque, est très en ruines.

Par contre l'église Saint Kevin, avec sa toiture et sa tour en pierre ne manque pas de charme.

 

The Rock of Cashel, dans le Tipperary, un piton rocheux sur lequel sont bâtis de nombreux édifices médiévaux, offre une vue à 360° sur les environs.

 

Brian Boru s'y fit couronner avant de vaincre les Vikings en 977.

 

Cormac's chapel (début du XIIème) est la chapelle romane la plus ancienne du pays. Des restaurations sont en cours.

La cathédrale gothique du XIIIème a été très endommagée par de nombreuses batailles.

La tour ronde du XIème fait 28 mètres de haut.

On visite le logement des maîtres de chapelle.

Des châteaux, plus ou moins en ruines, selon qu'ils ont été utilisés par les Anglais ou pas...Charles Fort à Kinsale, Aughanure Castle dans le Connemara, Carrickfergus en Ulster.

Un épisode de l'histoire irlandaise dont le traumatisme ne s'est pas encore effacé : la grande famine de 1845-1850.

Le mildiou ayant détruit la plus grande partie des récoltes de pomme de terre, base de leur alimentation, les paysans irlandais tombèrent dans la plus grande misère et connurent une famine qui les contraignit, pour tenter de survivre, à émigrer en grand nombre vers l'Amérique à bord de bateaux-cercueils sur lesquels les conditions de vie étaient extrêmement difficiles. Souvent déjà affaiblis et malades, beaucoup ne supportaient pas la traversée et mouraient au cours du voyage.

 

La population irlandaise passa de 8,5 millions à 6 millions au cours de ces années-là !

 

Un peu partout, cet épisode dramatique est évoqué, d'autant plus qu'à cette époque les occupants anglais n'ont pas fait grand chose pour venir vraiment en aide aux populations !

 

 

 

 

 

A New Ross, nous avons visité la reconstitution du Dunbrody, un de ces bateaux cercueils, qui permet de se faire une idée précise de ce qu'étaient les conditions de vie pour les candidats à l'émigration

Et à Cobh, près de Cork, le Cobh Heritage Centre, installé dans une ancienne gare victorienne, évoque l'émigration des Irlandais,otamment pendant la Grande Famine, et plus particulièrement des bateaux qui ont eu une histoire dramatique liée au port de Queenstown (le nom de la ville jusqu'en 1920), notamment le Titanic dont Cobh fut le dernier port d'escale le 11 Avril 1912 et le Lusitania coulé le 7 Mai 1915 par une torpille allemande au large de Kinsale, ce qui poussa les Etats-Unis à déclarer la guerre à l'Allemagne.

 

Entre 1800 et 1950, 3,5 millions d'Irlandais embarquèrent de ce port pour l'Amérique ou l'Australlie !

Quelques villes...

Cork, troisième ville d'Irlande.

Kilkenny, une charmante petite ville qui compte 100 pubs pour 8600 habitants, au patrimoine intéressant !

Galway, porte du Connemara, ville étudiante de 80 000 habitants, sous un soleil dont peu de touristes ont dû bénéficier...

Derry ( ex Londonderry) en Irlande du Nord.

 

 

Ceinte de ses remparts de 1,5 km, construits entre 1613 et 1618, Derry offre plusieurs monuments intéressants : St Columb's cathedral (1633), Tower museum, the Guildhall (en néogothique de 1887), et des lieux plaisants comme The Diamond (la place centrale) ou le Craft Village, centre commercial et artisanal installé dans des maisons ouvrières rénovées. Mais on y sent tout le poids des conflits récents, notamment à Bogside, le quartier catholique, où peintures murales et inscriptions perpétuent le souvenir des heures douloureuses qui y ont été vécues ! On y a eu le sentiment d'une paix fragile...

DUBLIN

C'est par ce policier caricatural que nous avons été accueillis à notre descente du bus dans le centre de Dublin... Il donne une image assez juste de l'ambiance très gaie qui se dégage de cette ville !

 

Il faut dire que c'est une ville jeune, avec les nombreux étudiants de Trinity College, université fondée en 1592 par Elizabeth 1ère.

 

Les bâtiments datent pour la plupart du XVIIIème et XIXème, mais ceux en brique sont de 1700. Ils encadrent des cours intérieures agréables.

 

Nous y avons admiré the Book of Kells, un exemplaire du Nouveau Testament en 680 pages en vélin écrit et enluminé par les moines de Kells au VIIIème siècle. Une exposition précède la salle où il est présenté qui donne beaucoup d'explications très intéressantes sur la calligraphie et les enluminures. 

 

Et bien sûr nous avons parcouru la galerie de the Old Library (longue de 65 m et haute de 15 m) décorée par les bustes d'écrivains célèbres, et qui garde la fameuse harpe de Brian Boru (roi irlandais du XIème siècle), difficile à photographier à travers sa vitre...

 

Flâner dans Dublin est l'occasion de découvrir des rues très animées, pleines de surprises, avec un mélange architectural harmonieux. Nous avons particulièrement apprécié le goût avec lequel les Irlandais intègrent le style contemporain aux bâtiments anciens. Nous avons donc beaucoup aimé cette ville.

 

 

Nous avons été si déçus par Christ Church que nous avons renoncé à aller visiter St Patrick's Church, ce qui est de l'avis général une erreur car elle est plus belle !

 

Il faut dire que le néogothique n'est pas notre tasse de thé et qu'à Christ Church, il faut bien chercher pour trouver les traces de l'église du XIIème siècle, mis à part à la crypte où demeurent quelques beaux tombeaux et des objets liturgiques précieux.

 

 

Nous avons terminé notre séjour à Dublin par une tranche de vie savoureuse : les courses de lévriers, auxquelles nous avons assisté à Shelbourne Park, à l'ombre du magnifique stade de rugby tout récent.

 

Nous nous sommes initiés aux rites de ces courses inhabituelles chez nous...

L'Irlande restera pour nous un excellent souvenir : nous avons quitté à regret ses paysages magnifiques et son peuple attachant, à qui nous souhaitons de se sortir au plus vite et au mieux de la crise qui les frappe  !